Le costume et la coiffe

Plomodiern appartient à la mode vestimentaire du pays glazik.

Situation géographique et historique

La mode vestimentaire du pays de Quimper est dite « Glazik » (petit bleu en français). Ce nom provient de la couleur de l’étoffe dominante utilisée pour le chupenn (veste) et le jiletenn (gilet) du costume masculin.

Le pays de Quimper est de ce fait nommé glazig. Il est délimité par les Montagnes noires, le Menez Hom, le plateau de Scaër, le cours de l’Odet, celui du Ris et la ria de Combrit. Il regroupe au milieu du XXè siècle, selon R.Y. Creston, 29 communes. Celles situées au Nord-ouest (Saint Nic, Plomodiern, Ploéven, Kerlaz, Cast, Locronan, Plonévez-Porzay et Quéménéven), constituent le Porzay.

Le costume masculin

Les hommes du terroir ont longtemps porté le bragou braz, vaste pantalon plissé et bouffant, serré aux genoux, porté avec des guêtres de toile ou de gros drap. Sur une chemise blanche à grands cols, une veste (chupenn) courte à manches, en drap de laine était enfilée sur un gilet (jiletenn) sans manches, boutonné à la taille. Une large ceinture (gouriz) de cuir ou de laine ainsi qu’un chapeau rond à larges bords complétaient l’ensemble du costume.

1

Le costume va évoluer au cours des années. Ainsi la veste et le gilet s’agrémenteront de velours et de broderies au fur et à mesure que son propriétaire s’enrichira. La largeur des bandes de velours sur les bras et sur le plastron du jiletenn et le nombre des rangs de broderies révèleront la condition sociale de l’homme.

Ainsi, si à la fin du XIXè siècle voire au début du XXè, on ne voit qu’un seul centimètre de broderie et de velours, vers les années 1920, la bande de broderie s’est élargie allant jusqu’à 4 rangs de broderie de soie et la largeur des bandes de velours peut être de 30 à 35cm. Les broderies en fil de soie pour la plupart sont à dominante jaune. Les motifs peuvent être géométriques ou floraux réalisés en grande partie avec le point de chaînette.

Le costume dans sa dernière version se compose d’un pantalon gris avec rayures, d’une chemise en lin ou coton au col officier, d’un gilet avec manches et d’une veste sans manches, (tous deux en drap bleu avec velours) et le chapeau.

Ce dernier est réalisé en taupé. Les jeunes hommes portent les guides de velours dans le dos. Seul le jour de leur mariage, les hommes très riches arborent leur chapeau avec des rubans de velours brodés. Après le mariage, ils sont coupés ce qui met en valeur la boucle du chapeau de forme rectangulaire. Celle-ci peut être confectionnée en or, en vermeil, en argent, en laiton ou encore en cuivre.

Si une unité vestimentaire existe sur le pays Glazik, des différences sont à noter concernant le chupen masculin. Ainsi, dans le Porzay l’encolure, les emmanchures et le bas de la veste comportent une bande de velours.

La 1ère guerre mondiale va enclencher le déclin du port du costume traditionnel. Les hommes vont peu à peu le délaisser au profit des costumes civils. A partir des années 1925/1930, seuls certains mariés porteront encore le costume le jour de la cérémonie. Les hommes d’un certain âge garderont un peu plus longtemps un ou des éléments de ce costume, ils se présenteront, soit avec le gilet qui aura perdu ses manches, sous une veste civile, soit uniquement avec leur chapeau.

Le costume féminin

Le nom donné aux femmes de ce terroir est Borledenn, nom de leur coiffe.

Cette coiffe est composée de 3 pièces : un bonnet cartonné (vorledenn) recouvert de papier ou de tissu, une grande coiffe (koef bras) qui s’emboîte sur le carton et qui comporte deux étroits rubans qui flottent dans le dos, et une petite coiffe (Koef bihan) épinglée à l’arrière et dont les brides se nouent sous le menton. Au fil des années, la coiffe s’est réduite mais à partir des années 1935, elle va prendre de la hauteur et de la largeur et sera alors assortie avec un col amidonné et gaufré.

Pour les mariages et les communions, les lacets de la coiffe en filet étaient remplacés par un lacet perlé, épinglé sur le devant du gilet.

Le costume comprend un gilet (jiletenn) avec manches. Au XIXè siècle, la femme portait 3 jiletenn avec des manches à revers.

Le gilet est recouvert par un corselet sans manches, appelé manchou. La jupe (joeleden) est froncée à la taille et se ferme par un lacet. Elle est protégée par un tablier (tavancher).

Le costume gardera les mêmes éléments tout au long de son évolution qui est illustrée par les photos présentes. Ce qui changera sera la taille des pièces, les tissus utilisés (drap et velours, satin, crêpe….), la couleur du costume, et l’ornementation par les broderies pour les costumes de fête.

Ainsi la canetille permettra de réaliser les motifs floraux au début du XXè siècle, mais disparaîtra à partir des années 1930 au profit des broderies au fil de soie avec des perles soufflées, de perles tubes…. de différentes couleurs.

 

Les femmes porteront couramment leur costume beaucoup plus longtemps que les messieurs, puisque les dernières mariées en costume traditionnel l’ont été jusque dans les années 1960 dans le Porzay. Des femmes d’un certain âge porteront la coiffe lors de cérémonie et souvent jusqu’à la fin de leur vie.

11

Le costume des enfants

Le bébé était le plus souvent baptisé les jours suivants sa naissance. Il était vêtu d’une robe de baptême blanche, souvent en tulle brodé, accompagnée d’une collerette. Le bonnet était brodé ou perlé.

Le costume des enfants était le même pour les fillettes comme pour les garçonnets et cela jusqu’à l’âge de 5 ou 6 ans. Il se composait d’une robe et d’un sarreau, portés très serrés sur le corps. Une collerette était posée autour du cou de l’enfant. Les fillettes portaient en général, un bonnet blanc ou noir. Les petits garçons préféraient le chapeau de paille ou le béret et parfois ne portaient rien sur leur tête. Dès que la propreté était acquise par le petit garçon, il adoptait le costume des hommes. Les petites filles, quant à elles, délaisseront leur robe et sarreau, pour le gilet, le corselet, la jupe et le tablier vers l’âge de 8 ans tout en gardant le bonnet perlé. Ce n’est qu’à partir de la communion solennelle, qu’elles porteront la coiffe.

C’est à partir des années 1920-1930 que les enfants vont délaisser les costumes traditionnels au profit des costumes civils.

Aujourd’hui, ces costumes traditionnels sont encore portés à des occasions spécifiques comme le sont les pardons ou lors des défilés de festival et aussi par les membres des cercles celtiques ou groupes folkloriques.

Cette présentation vestimentaire est succincte et pour plus de détails, nous vous recommandons quelques livres :

  • René-Yves Creston- « Le costume Breton » – Coop Breizh
  • Simone Morand- « Histoire du costume Glazig et Bigouden » – Editeur Yves Salmon,
  • Anne Marie Goalès, Marie Paule Postec et Paul Blabous- « Le costume Glazik » –Coop Breizh
  • Isabelle Quintin – Fiche costume de la collection Heritaj – Confédération Kenleur
  • « Mariages en Bretagne », édition Kendalc’h 2014

Crédits photos :

  1. Homme devant la Chapelle Sainte Marie du Menez-Hom – Cliché Villard-Quimper
  2. 10 novembre 1909, mariage de Guillaume Briand et Marie Anne Pelliet de Keregat – Coll. famille Fertil Briand
  3. 3 février 1912, Pierre Poudoulec de Kergosker et Marie-Jeanne Billon de Kerchouren – Coll. Y. Pennaneac’h
  4. 21 mai 1922, Joseph Hascoët de Bondennec Vras en Cast et Anne Marie Blaise de Launay Coffec – Coll. famille Fertil Briand
  5. 4 juillet 1927, Corentin Moulin de Lespeurs et Marie Jeanne Marzin de Kergoat – Coll. famille Fertil Prigent
  6. 9 octobre 1928, Jean Louis Larvol de Bronnua et Marie Prigent de Kervelem – Coll famille Fertil Prigent
  7. 6 avril 1932, cortège mariage de Joseph Fertil de Penhoat en Ploéven et de Marie Briand de Kergoat – Coll. famille Fertil Briand
  8. 12 mai 1935, Jacques Le Page de Lagad Ven et Marie Jeanne Prigent de Kervelem – Coll. famille Fertil Prigent
  9. 4 février 1936, Corentin Briand de Keregat et Marie-Thomas Lanfrank Plomodiern – Coll. famille Briand
  10. Année 1940, Corentine Gourmelen et ses amies – Coll. famille Hénaff Poudoulec
  11. En 1959, lors d’un mariage – Mesdames Brélivet de Kervigen, Jolec de Tymen, Queffelec de Keraleon et Poudoulec de Kergosker – Coll. Y. Pennaneac’h
  12. Hervé et Marie THOMAS de Kervigen – Coll. Y. Pennaneac’h
  13. Mme Prigent, née Roignant, de Leskudet avec ses enfants – Coll. famille Fertil Prigent
  14. Mme Prigent  de Kerdalae avec ses 2 fils en 1915 – Coll. famille Fertil Prigent
  15. Les fils Prigent de Kerdalae en 1917 – Coll. famille Fertil Prigent

La collectivité tient à remercier Mme Ghislaine FUR pour l’élaboration de cette page et pour ses précieux conseils.